Laurence HÉRITIER – Hypnothérapeute
Développement Personnel – LYON

La Rumination
La Rumination
Publié le 22 avril 2020
Ça t’es déjà arrivé ce petit vélo qui brasse dans ta tête?
Quand tu remâches, ressasses les mêmes trucs, en général pas drôles plutôt du genre auto-critique ou mélodrame: « j’aurai dû, j’aurai pu, je devrai, il faut que, et là je lui aurais répondu…» et le fameux « si ça se trouve... »

Ce ne sont pas vraiment des réflexions dans le sens ou ces pensées ne mènent nulle part, nulle part ailleurs que dans l’escalade de jugement et de peur qui font les meilleurs scénarios catastrophe.

On revisite allègrement le passé, en désossant notre vie, notre couple, notre enfance … ou alors on se torture à imaginer les tenants et les aboutissants de l’action, de la réflexion du jour, ses conséquence à court moyen voire très long terme…

«Je vais finir toute seule démente et dévorée par mes chats! » …genre …

L’impression de ne pas pouvoir contrôler son cerveau est pénible et parfois même nous empêche de dormir.

Un point Psycho

Dans les très bien-pensants magasines et revues de psycho diverses, ce serait caractéristique d’un état dépressif ou anxieux, l’esprit cherchant des solutions à un état émotionnel inconfortable.

Ceci dit c’est un cercle vicieux puisque ces pensées erratiques n’ont rien d’objectif, de rationnel ou d’analytique. Comme si justement ce tourbillon était là pour empêcher de penser et rester dans un état de statu quo…

Bingo! C’est justement la conclusion de la psychanalyse.

Rumination = écran de fumée d’un apparent raisonnement qui masque une peur.

Peur d’une émotion, le plus souvent réactivée et issue d’une blessure plus ancienne que la situation qui nous occupe l’esprit. Justement.

Bon en gros on a vécu quelque chose récemment, qui à réveillé un souvenir émotionnel qui n’a pas pu être traitée et libérée dans le passé et là ça a déclenché une réaction en chaîne.

Ou plutôt en boucle 😉

Donc si je résume, un évènement déclenche la moulinette qui nous anesthésie et garde bien au chaud le problème originel.

Y’a pas comme un bug système là ?

Mais POURQUOI ?

D’où ça vient cette mise en boucle du circuit mental ?

Origine Sociétale

Sans forcement relier la chose à une blessure individuelle, aujourd’hui nous subissons tous une pression environnementale et sociale très forte.

Des informations multiples surgissent de toutes parts en un flot quasi ininterrompu de consignes de consommation, de prescriptions de tâches, de comportements attendus, de mises à jour de connaissances, de codes sociaux. Et parce qu’on est, pour la plupart, de bons élèves de tout ce conditionnement, on souhaite bien faire et remplir le maximum de cases de ce cahier des charges délirant, ou tout le monde demande notre attention urgente.

Nous vivons littéralement sur des sables mouvants, tiraillés par des exigences le plus souvent contradictoires.

Quelle méthode d’éducation choisir? Quelle meilleure stratégie pour vendre un produit? Quel loisir adopter pour donner une bonne image, conforme aux valeurs actuelles?

Et comme le dit très justement le dicton populaire: «Trop de choix tue le choix».

J’ajouterai «Trop de pression tue la productivité»…

Les demandes reçues par notre cerveau chaque jour sont IMPOSSIBLES à traiter dans leur ensemble. Il rame désespérément en tentant de s’adapter.

En cadeau bonus, il nous reste un goût amer de défaite et une diminution de l’estime de soi.

Cette surcharge prolongée peut conduire au burn out ou à la dépression.

Le meilleur moyen de lutter? Se fier à ce qui a du sens pour soi.

Aménager des soupapes de récupération, des sas pour s’entendre penser.

Méditation, cohérence cardiaque, sophrologie, sport…

Respecter un temps de repos, de «digestion cognitive» en cas de nouvelles consignes, de changement et prendre une décision personnelle.

Se tenir à son plan et passer outre les influences extérieures.

Cela demande un peu de courage, de bienveillance envers nos intuition et se donner le droit de se tromper.

Origine Traumatique

Immédiatement après un épisode choquant, et quelque soit le regard que l’on porte sur lui, important ou anodin, il est absolument NORMAL d’avoir des pensées répétitives. Toujours la fameuse adaptation.

Votre inconscient traite les données et défini de nouvelles stratégies à adopter.

On est bien d’accord qu’une remarque du boss, une critique d’un conjoint, la réaction d’un enfant à une consigne peuvent être déstabilisante.

Tout changement de situation est traumatisant !

Changement de travail, d’organisation, rupture, déménagement, naissance d’un enfant…

Pour rappel notre inconscient aime le connu, la sécurité, le facile.

Ces réflexions vont permettre à la meilleure attitude pour nous d’émerger donc, juste un peu de patience et de confiance. Une nouvelle habitude et de nouveau repères prennent en moyenne 2 mois à s’installer. Il est parfaitement logique d’avoir de nombreuses réflexions pendant cette période.

Dans le cas ou les ruminations, donc, permanentes et incontrôlables, se poursuivraient après une quinzaine de jours, il y a probablement une blessure plus ancienne qui a été révélée.

Pour tout ce qui relève de violences, d’agressions, physiques ou verbale, il est primordial d’exprimer verbalement l’expérience et les émotions associées pour les désamorcer.

Dans le cas de répétition, de maltraitance ou de harcèlement demander de l’aide pour sortir de la situation et « couper le robinet ».

Après un traumatisme, plus vite la parole est libérée, meilleure est la gestion émotionnelle.

Sans expression, l’équilibre psychologique peut être déstabilisé en moins de 10 jours.

Si nécessaire, consultez rapidement un spécialiste pour éviter de garder une empreinte limitante, anxieuse.

Origine Procrastination

Là encore la sagesse populaire a raison.

Moins on en fait, moins on a envie, moins on a la capacité de faire !

Le point d’arrêt peut être multifactoriel. Saturation, stress, angoisse… Quoi qu’il en soit le Stop va au-delà d’une durée raisonnable d’analyse et d’adaptation.

Le boulot de votre cerveau est de traiter des informations. Si le temps libre est dilué en tâches « d’occupations » sans traitement informatif nécessaire, ben l’esprit se met à tourner avec ce dont il dispose… le Passé !

A fuir et se distraire en permanence pour éviter de prendre une décision ou accomplir une action, la rumination pointe le bout de son nez.

Regardez, comment se déroulent vos journées ?

Durée réelle de concentration sur le travail, les tâches domestiques, regarder un film ou une émission qui nous intéresse vraiment, se laver… Quelle proportion de temps êtes vous réellement concerné par ce que vous êtres en train de faire ?

Bien sur les pauses sont nécessaires ! Leur durée physiologique optimale est de quelques minutes à un quart d’heure en moyenne. Au delà, ce temps de déconnexion entre deux actions utiles, votre cerveau bascule sur les anciennes données. Il a faim et tourne tout seul. Et comme c’est moins fatiguant pour lui, c’est de plus en plus difficile de relancer l’adaptation avec de la nouveauté.

Alors variez vos tâches !
Donnez vous des durées sachant que 2h reste une limite haute.

Un sas de 10 mn pour passer un appel, répondre à un mail, discuter, lire un article, prendre un thé… C’est utile, cela enrichi votre vie, votre base de donnée, votre relationnel…!

Estimez une durée raisonnable pour chaque chose et faites le ! Si il reste du temps super! Augmentez votre temps perso de lecture, activité culturelle, musicale ou créative 😉

Si il manque du temps, estimez une nouvelle page horaire à dédier et placez là en priorité.

Ainsi de suite…

Rapidement vous trouverez des repères, à mélanger travail, obligations , repos… à prendre soin du temps accordé au relationnel, au ludique et à votre ouverture sur le monde en général…

La balance trouvera son équilibre, les jours retrouveront la saveur de la satisfaction et les nuit un sommeil réparateur!

Quand la rumination persiste…

Plusieurs pistes pour sortir du schmilblick :

Premièrement, prendre conscience

Ce qui nous occupe de façon si tenace n’a en général qu’un lointain rapport avec l’évènement déclencheur.
Dixit la conclusion de la psychanalyse.

Bon. Cela permet déjà de relativiser ce qui nous arrive et peut-être de commencer à se poser les bonnes questions. Celles qui mènent à l’action. Faire quelque chose pour changer l’eau du moulin.

Certains conseillent la distraction pour gérer la chose. Lire un bon roman, se promener, voir des amis, jeux vidéo… n’importe quoi de ludique et d’agréable nécessitant de la concentration. Ce qui oblige le mental à effectuer un focus sur autre chose. Cela paraît logique. Ben oui mais quand on sort de cette activité légère, à plus ou moins brève échéance, bim, effet rebond, le bazar revient en force.

Quand tous les trucs précédents font choux blanc et que le cerveau continue la mayonnaise, va falloir aller comprendre ce qui se joue vraiment pour quitter le manège.

Deuxièmement, traiter la source.

Vous pouvez le faire vous même, en conscience, en tenant un journal.

Vidanger tout ce qu’il y a dans notre tête, faire des associations d’idées, réfléchir à ce que ça nous rappelle de notre histoire, mettre à jour des comportements, des attitudes. Ça fait de la place !

Et puis observer le regard que l’on porte sur le monde.

Partant de ce constat, décider de changer ce qui limite notre aptitude au bonheur 😉

Parfois trouver des interlocuteurs pour nous donner la main un bout de chemin.

Également possible en solo en acceptant de laisser remonter les sensations physiques de l’émotion puis les laisser se dissoudre toutes seules.

C’est la méthode TIPI.

Les émotions sont des signaux corporels qui délivrent des messages de confort, ou ici d’inconfort, de l’inconscient au conscient. Quand une transmission a été interrompue, ben le message, l’émotion, reste bloqué et réapparaît à chaque situation similaire. La seule manière d’annuler les échos est d’accepter de recevoir le message en entier.

Oui ça peut être intimidant comme perspective!

Se poser au calme et plonger dans les sensations qui nous angoissent tout en acceptant de les accueillir avec bienveillance ça semble pas simple.

Et pourtant ça marche, je peux en témoigner personnellement.

Avantage énorme, pas besoin de comprendre d’où ça vient, ce qui s’est passé et qui étaient les protagonistes.

Juste laisser vivre l’émotion jusqu’à ce qu’elle se dissipe toute seule.

Le processus est relativement rapide, de quelques minutes à un gros quart d’heure.

(Notez que cette durée est la même que celle préconisée pour une bonne pause, une méditation quotidienne ou un exercice de musculation, comme quoi, elle doit correspondre à un processus de compréhension et d’intégration de message.)

En CONCLUSION

Vous l’aurez compris, la rumination est un cercle vicieux qui coupe progressivement l’envie d’expérimenter des choses nouvelles, d’être en contact avec ses émotions et fini par isoler l’individu dans sa souffrance.

Si vous avez lu ceci, vous êtes capable d’agir, DE RÉAGIR ! Alors GO !

Testez quelques pistes.

Et si c’est trop difficile seul, n’attendez pas de vous enfoncer dans ces sables mouvants,

demandez un coup de main.

Thérapeute, hypnothérapeute, coach… il y a du choix dont de nombreuses thérapies brèves qui donnent des résultats en quelques mois.

Pour enfin comprendre, ce qui, en vous, veut se faire entendre 😉